52 TUTOIEMENTS DE LA LUMIÈRE

Cette proposition a voulu retenir 52 photographies, une par semaine. Chacune des photographies contient, à son habitude, un nombre infini d’indices de récits possibles. Nous installons alors, pour chaque photographie, le filtre d’un texte court, chargé, comme un prisme pour la lumière, à la fois de capter un récit et d’en ouvrir aussitôt une dispersion. La mécanique de la photographie est connue, c’est celle de la séduction des regards, de leur magnétisation. Elle leur en met plein la vue. Elle a un impact immédiat, une impressionnante puissance de choc. Du côté du regard, nous savons qu’il s’abandonne aisément, victime déjà consentante. La photographie entre alors en lui et s’installe à demeure dans l’avalanche existante des images. La mécanique du texte, à l’inverse, est celle du fil fragile d’une pelote, il se laisse débobiner ou même casser, sous la lecture. Un artisanat de brindilles opposé à la puissance alcoolisée de l’image. Les processus visibles sont donc tout à fait opposés. Le lièvre et la tortue de la course à la perception. Mais il existe un premier défi. Le texte est-il condamné à l’illustration de la photographie ? Peut-il tenir dans le voisinage de l’image sans en être déchiré ? La bataille serait d’ailleurs perdue d’avance sans l’existence d’un minuscule enjeu entre la photographie et le texte, minuscule mais précieux entre tous, celui de l’émotion à l’impact du réel et de ses images, quand ils se disloquent sous leurs propres abondances. Ainsi nous proposons l’ouverture d’un sentier dans la formidable armada de signes qu’est l’image choisie et composée par Philippe. L’ambition pour le texte de Jean-Claude, est de proposer le mouvement contradictoire du resserrement et de la dispersion.

Jean-Claude Feuillarade textes - Philippe Fourcadier photographies