CHRISTOPHE • L'homme de Tanger

HOMMAGE
C’était il y a deux ans durant un magnifique printemps dont seul Tanger a le secret.
Je déambulais dans la médina sans aucun but précis, à la recherche perpétuelle d’ombres profondes, de lumières éblouissantes, d’odeurs puissantes qui enveloppent ce quartier aux mille ruelles.
J’appris par une connaissance commune que Christophe le chanteur habitait une maison quelque part dans cet enchevêtrement de constructions contiguës où la blancheur des façades s’oppose aux graffitis abstraits et où les chats règnent en maître des lieux. Une rencontre était envisagée.
Cela ne se fit pas.
Le destin s’en était mêlé. Nous n’avions pu prendre ensemble un thé, un café sur une des terrasses du café Hafa surplombant la Méditerranée où nous aurions évoqué le temps qui passe, les projets à venir…
A la nouvelle de son décès mon esprit s’est envolé vers Tanger et sa médina. J’ai alors imaginé une déambulation commune dans cet environnement maintes fois arpenté, photographié, qu'il devait lui aussi bien connaître dans la permanence du scintillement du détroit et des cotes espagnoles que l'on discerne dans la brume, et la musique qui s'instille peu à peu...
Puis bercé par le ressac continu que l’on perçoit de Bab el Bhar, de l’appel à la prière du muezzin, d'un coq solitaire qui s’éveille au petit jour, j'ai compris que nous avions une histoire partagée, la perception commune d'un lieu mythique.
Je détenais aujourd'hui les odeurs, les graffitis, les images de muses et d'un piano, des moments hors du temps, comme suspendus.
Il restait maintenant à rendre visible ce que j'avais viscéralement ressenti, en hommage à cet homme que je n’ai pas connu.
Cette exposition lui est dédiée.
PHILIPPE FOURCADIER / octobre 2020
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© Photographies - Philippe Fourcadier
© Photographie portrait CHRISTOPHE / Libération - Edouard Caupeil
© Texte - Jean-Claude Feuillarade