Peut-être que le fait de pratiquer la photographie noir et blanc avec son long processus de développement m’a définitivement ancrée dans une forme d’attente et de lenteur ? Ainsi je ne voyage que très rarement en avion et privilégie toujours les modes de transport où le temps n’est pas à « combattre » mais plutôt un compagnon bienveillant. L’éloge de la lenteur résume donc depuis toujours toute ma pratique photographique qui accorde un temps respectueux aux humains, aux animaux, aux paysages, aux choses… Une forme de contemplation en quelque sorte, qui est essentielle à ma démarche photographique. 

Ma formation autodidacte s’est prolongée par la découverte du travail de nombreux photographes contemporains : Jean-Loup Sieff, Raymond Depardon, Bernard Plossu, Bernard Descamps, Ralph Gibson, Robert Franck, Anita Conti, André Kertez, Irving Penn, William Klein, Tina Modotti, Bruce Davidson, Ralph Gibson, Edouard Boubat, Saul Leiter et bien d’autres…J’ai eu la chance de prolonger ces découvertes esthétiques par de véritable échanges notamment avec Bernard Plossu, Ralph Gibson et Raymond Depardon. La musique joue aussi un rôle prépondérant dans ma création photographique avec un compagnonnage singulier avec les Doors, Jimi Hendrix, les Rolling Stones, Led Zeppelin, Bjork, Miles Davis, John Coltrane, Mozart, Vivaldi, Alain Bashung, Christophe, Jean-Louis Murat, Gérard Manset... Je dois également à mes parents un esprit curieux et bienveillant sur tout ce qui m’entoure et qui constitue l’un des pivots essentiels de ma création artistique.

Né à Tours en 1953, Philippe Fourcadier vit et travaille à Montpellier. Il débute la photographie en 1976 et entreprend de se former aux techniques de prises de vue et du laboratoire argentique.  

Il fait d’emblée le choix d’une image en noir et blanc qui s'impose à lui comme une forme d'expression puissante privilégiant dans un même temps graphisme et esthétisme imaginaire. L’absence de représentation humaine dans la majorité de ses photographies occupe un rôle central dans sa démarche artistique. Il privilégie systématiquement les matières, les objets, la lumière, les ombres, dessinant, ainsi une représentation abstraite, qui donnera libre cours à l’interprétation, à l’imaginaire de chacun. Il conviendra ensuite pour le lecteur d’y projeter sa propre vision, son propre monde, sa propre rêverie… Il convoque régulièrement une dialectique entre images et langage écrit, qu’il explore avec l’écrivain Jean-Claude Feuillarade, installé à Sète.

Ensemble, ils racontent des histoires fictionnelles souvent  inspirées de faits historiques réels. Philippe conduit alors une recherche documentaire en amont du travail commun, puis détermine un axe photographique qui inspire le récit. 

Ainsi de cette collaboration, sont nées les expositions :

Sur les traces de Pierre-Paul Riquet - chroniques d’un visionnaire (2011)

La Bête du Gévaudan - Mystification d'une réalité (2011)

Cathares - La citadelle de l’absolu (2012)

Syrie l’impossible silence (2017)

Portbou • Cerbère - Les chemins de l’exil (2018)

ENFERMEMENT (2019)

PLAISIRS (2021)

CARGOS (2022) – travail en cours 

Depuis 2008, il poursuit un collectage photographique et de témoignages entre Sète et Tanger à bord des cargos mixtes qui assurent la liaison maritime entre orient et occident, au travers d’un projet dénommé : La traversée. Il s’attache depuis quelques années à développer un corpus sur la thématique de la ville dans le cadre d’une recherche intitulée : Portraits de villes. Les premiers opus sont dédiés aux villes marocaines de Tanger, Marrakech, Essaouira et bientôt Sidi-Ifni. En juillet 2018, il initie en compagnie de Laurent Gachet - auteur, metteur en scène et scénographe - une création d’installation photographique itinérante sur le thème du bonheur. Ainsi est né l’aventure de L’idée du bonheur,vaste collectage de témoignages auprès de nos concitoyens de leur propre perception du bonheur qui se verront traduits et interprétées en photographie.La création récente du Collectif 3+ en compagnie de l’écrivain Jean-Claude Feuillarade et du photographe Serge Tribouillois, participe à une nouvelle étape novatrice de création qui permet à Philippe Fourcadier de continuer à conjuguer la photographie et l’écriture.
Depuis 1998, le travail photographique de Philippe Fourcadier est régulièrement présenté dans des galeries, musées où lors de festivals et d’expositions collectives ou individuelles.