LES CHEMINS DE L'EXIL

Nous avons mis nos pas et nos yeux dans ceux des fugitifs de toutes sortes qui se sont lancés sur les chemins de l'exil entre Portbou et Cerbère.
De la ville espagnole à la ville française, nous avons parcouru plusieurs fois le chemin dans les deux sens, à différentes époques, de nuit comme de jour, et franchi cette frontière apparemment ouverte !
Peu à peu est apparue la réalité de cette barrière mentale et politique qui semble ne pas exister, qui est pourtant presque infranchissable pour l'indésirable qui tente le passage par le tunnel ou par le col...
Avec les yeux des fugitifs, réfugiés et migrants d'hier et d'aujourd'hui, nous sommes partis à la recherche des lieux encore debout ou d'autres aujourd'hui abandonnés... pour évoquer par nos images les émotions, les peurs, les espoirs, les découragements... de celui qui voit la « terre promise » de l'autre côté de la barrière !
Gare de Portbou, Coll dels Belitres, Gare de Cerbère...ces points de passage obligés ont été le fil conducteur de cette fiction photographique ancrée dans une réalité tragique!
Nos errances nocturnes et diurnes nous ont permis de capter ces « lignes de fuite », ces traces signifiantes, ces rencontres improbables... que nous évoquons avec des approches photographiques complémentaires d’où le parti pris de la couleur et du noir et blanc qui conjuguent et associent les multiples « états » physiques et psychologiques des réfugiés.
Nos photographies sont guidées par les textes poétiques de Jean-Claude Feuillarade, lequel tente d’entrevoir par quels sentiers émotionnels, ceux qui se déracinent doivent aussi passer.
Cette exposition se présente comme une fresque linéaire de photographies noir et blanc et couleur où viennent s'insérer des paroles qui ponctuent, scandent une réalité contemporaine tragique.

Février 2018

LES AUTEURS /

Serge Tribouillois

Né en 1942, Serge Tribouillois est « accro » à la photographie depuis ses 17 ans ! Parallèlement à une carrière d'enseignant et de médiateur culturel, il a poursuivi ses recherches photographiques qui se sont concentrées sur les réalités poétiques ou dramatiques auxquelles nous sommes confrontés, au cours de nombreux voyages en Méditerranée et en Afrique. De nombreuses expositions ont montré son travail ces dernières années. Créateur et directeur de la Galerie « Passages » à Sète, il est l'un des membres fondateurs du « Collectif Images » de Sète et co-organisateur du « Printemps des Photographes », à Sète.


Philippe Fourcadier

Peut-être que le fait de pratiquer la photographie noir et blanc et son long processus de développement a définitivement encré Philippe Fourcadier dans une forme d’attente et de lenteur.
Privilégiant la forme abstractive dans sa photographie il s'en remet au merveilleux pouvoir de l’imaginaire pour que tout un chacun puisse s’approprier son travail de création. Il développe ainsi depuis plusieurs années un long compagnonnage entre photographie et littérature qui l’a amené à travailler en collaboration avec Jean-Claude Feuillarade sur des thématiques historiques revisitées et des thématiques contemporaines. Le thème de la Méditerranée et plus particulièrement du Maroc où il travaille régulièrement, attise sa curiosité depuis une dizaine d’années.
Son travail est régulièrement exposé dans le cadre de festivals, galeries, musée, et expositions collectives.

Jean-Claude Feuillarade

La question de l’image s’est posée longtemps sans aucune discipline, ni autre forme de cohérence, une sorte de boue créative. Ensuite la géométrie et la brutalité de notre monde industriel ont posé des tensions palpables et contraignantes, elles ont une place dans mon regard photographique.